« Mes enfants font pitié : ils ne peuvent plus voir leurs amis »

La COVID-19, qui nous oblige, nous et nos enfants, au confinement, nous permet d’entendre à quel point nous sommes programmés pour chercher notre bonheur dans le «faire» et «l’avoir».

Pendant tellement d’années, j’ai cru comme tant de gens que la dépendance affective se limitait à rester prisonnière d’une relation amoureuse malsaine. Or, ma découverte de l’autonomie affective m’a révélé que la dépendance affective est tellement plus vaste.

Pour illustrer mon propos, je vais me servir d’une croyance d’un bon nombre de parents à l’égard de leurs enfants : « mes enfants font tellement pitié, ils ne peuvent voir leurs amis » ou « je ne veux pas que mes enfants vivent le confinement puisqu’ils souffrent de l’ennui de leurs amis ».

Les parents qui pensent cela n’ont pas compris que la souffrance affective de leurs enfants ne vient pas du tout du confinement, mais plutôt des multiples habitudes de pensées négatives, que nous croyons inhérentes à la vie.

En effet, à la naissance, nous avons tous un cerveau. Malheureusement, les facultés extraordinaires qu’il offre sont réduites, par l’ignorance de nos parents, et ce, de génération en génération, à assimiler plus ou moins inconsciemment des habitudes de penser négatives. Nous allons donc tout naturellement ignorer le rôle de nos émotions pour rechercher le plaisir de la compensation dans le « faire », dans les divertissements ; nous allons saboter notre moment présent en nous projetant dans des activités futures : « As-tu hâte à ton anniversaire ? À Noël ? Aux vacances ? » Nous allons continuer d’ignorer les besoins de notre corps affectif, puisque les pensées que nous nourrirons inconsciemment nous feront souffrir jusqu’au moment tant attendu : « Ah ! c’est plate, il reste combien de dodos avant ma fête ? » Puis, une fois l’activité terminée, nous nous retrouverons face à l’ennui et autres sentiments désagréables : « Ah ! c’est ben plate, c’est déjà fini… Mes amis sont partis. »

Il est donc évident, ainsi programmés, que nous souffrions de l’isolement causé par la COVID-19, parce qu’il limite grandement notre capacité de fuir par le « faire », par la compensation. Notre souffrance, nous la reconnaîtrons dans ces automatismes : se plaindre, l’ennui, l’impatience, la colère, l’anxiété face à notre avenir, les inquiétudes, la frustration parce que la vie vient d’un seul coup anéantir nos projets de vacances, la déprime parce ce que nous n’avons rien à faire… Et je pourrais ainsi remplir des pages des multiples facettes que prendra notre dépendance affective, que nous croyons inhérente à la vie.

Par conséquent, comment enseigner affectivement à nos enfants à se rendre heureux malgré le fait que, pendant un certain temps, ils ne joueront pas dehors avec leurs amis ?

En commençant par devenir un modèle de bonheur. Étant un être d’apprentissages et d’habitudes, je vais pratiquer à changer mes habitudes mentales qui me font souffrir. Je vais prendre conscience que l’ennui provient du fait que je cherche mon bonheur dans quelque chose d’extérieur à moi, donc sur lequel je n’ai pas de contrôle. Le seul contrôle que j’ai réside dans mon pouvoir de penser. Puisque c’est par les pensées que j’alimente que j’ai développé la mauvaise habitude de m’ennuyer, j’ai donc la possibilité de les changer pour arrêter de subir la souffrance affective de cette pénible habitude mentale.

Voyons donc comment s’accompagner lorsque l’on vit de l’ennui.

1) Croire que, puisque la vie (réalité objective) ne s’adaptera jamais à mes désirs, j’ai avantage à apprendre à m’y adapter. J’utilise mon intelligence pour me responsabiliser de transformer ma réalité subjective : je cesse de m’identifier à toutes ces habitudes de pensées négatives et j’apprends à utiliser mon cerveau de façon positive. Devant toute réalité (objective), j’ai deux choix : je peux continuer à mal me faire vivre mon moment présent, ou choisir de changer mon discours mental pour bien me faire vivre ce qui se passe. Si je ne peux pas faire telle chose (exemple : voir mes amis), qu’est-ce que je peux « faire » d’autre par amour pour moi pour arrêter de m’ennuyer ?

a. Au début, je vous garde dans le « faire », puisque c’est plus facile, étant habitués dans notre dépendance affective à nous sentir bien ou exister, lorsque nous « faisons », « avons » ou « paraissons ». Il s’agira alors de nous dire que notre ennui provient du fait que nous mettons toute notre attention sur le désir que nous ne sommes pas en mesure de combler dans l’instant présent. Nous pouvons changer notre focus de place pour profiter de l’instant présent d’une autre façon. Les facultés inimaginables de notre extraordinaire cerveau nous offrent de nombreuses pistes : réfléchir, observer, expérimenter les sens (c’est le temps de mettre la main dans une poche de riz !), se rencontrer soi-même, méditer, contempler, s’extasier, prier… Il y a tant à faire lorsqu’on arrête de vouloir occuper notre ennui !

b. Au fur et à mesure que nous allons apprendre l’autonomie affective, nous allons nous familiariser avec nos corps émotionnel, affectif et cognitif. Le mal-être de l’ennui nous dira que nous avons une habitude mentale nuisible qui nous fait souffrir et nous regarderons ce qui est à changer dans les pensées que nous nourrissons. Puisque nous allons être en relation intime avec nous-mêmes, nous n’aurons plus besoin de « faire à tout prix » pour fuir l’ennui. Nous allons plutôt nous servir de celui-ci pour nous libérer davantage de notre dépendance affective. Ultimement, nous ne connaîtrons plus l’ennui, même sous les conditions qui, maintenant, nous en faisaient vivre, puisque nous aurons remplacé toutes nos croyances (pensées) nuisibles qui en étaient à l’origine.

Les épreuves que nous traversons tous, tout au long de notre vie, servent de miroir pour nous permettre de voir les habitudes de penser qui sont en train de nous détruire et dont nous avons avantage, par amour pour nous, à remplacer.

Bonne pratique de la reprogrammation de vos habitudes de penser !

Avec toute mon affection,

Ginette Carrier

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