« Arrêtons de nous plaindre : il y en a qui vivent des choses bien pires que nous »

Dans le contexte de la COVID-19, des personnes confinées pourraient vivre des émotions « dites » négatives ou leurs dérivés : tristesse, anxiété, désespoir, colère, irritabilité, épuisement, etc. Trop souvent, devant leur mal-être, elles se font servir, ou elles se le disent à elles-mêmes, la phrase malheureusement très populaire, depuis des lustres, « cesse de te plaindre puisqu’il y a des enfants ailleurs qui meurent de faim ou qui meurent tout court ».

J’affirme « malheureusement », car cette phrase, et toutes celles qui invitent à-taire-ce-qu’on-vit-parce-que-d’autres-vivent-une-réalité-pire, fait des ravages inouïs sous ses apparences de phrase logique et sans conséquence nocive.

Pour expliquer mon point, je vais partir de l’enfant puisque nous sommes tous plus ou moins restés des enfants sur le plan affectif.

Lorsqu’un enfant se plaint (il va le faire même s’il a 3 repas par jour et même s’il est bien traité physiquement), il partage un mal-être. L’enfant ne sait pas que ce mal-être est sa dimension émotive qui lui renseigne sur ses besoins des plans cognitif et affectif. En d’autres mots, le mal-être (dimension émotive) lui dit qu’il doit changer son discours mental (dimension cognitive) pour bien se faire vivre sa réalité, apprendre à bâtir son bonheur en tout lieu et à chaque instant (dimension affective).

Il est normal qu’il ignore ce savoir si personne ne lui a appris. Cependant, lorsque les parents, par ignorance, nient ces dimensions en lui disant qu’il y a pire ailleurs, l’enfant ne peut grandir affectivement et il va en souffrir tout au long de sa vie. C’est évident puisqu’il apprend ainsi à refouler ce qu’il ressent et reste ignorant du rôle crucial des émotions dans son cheminement vers son bonheur, vers l’amour de lui.

Beaucoup de personnes viennent me consulter en bien piteux état, ne comprenant pas pourquoi elles expérimentent des mal-être alors qu’elles n’ont apparemment aucune raison : « Elles ont reçu une bonne éducation », « Leurs parents étaient présents », « Elles ont fait des voyages en famille », « Elles n’ont jamais été violentées » ou « Elles ont eu une enfance joyeuse ». La liste pourrait s’allonger à l’infini avec des exemples de « J’ai pourtant… », « J’ai eu… », « Je fais… », « J’ai fait… », etc.

Je montre donc à ces personnes à sortir de leur culpabilité ou leur honte de se sentir comme cela en apprenant que leurs émotions sont là pour leur dire qu’elles doivent prendre soin de leur dimension affective.

Pour ce faire, nous devons apprendre, dans un premier temps, à cesser de refouler ce que nous ressentons. Nos émotions ont pour rôle de nous permettre d’apprendre à nous entendre penser pour ainsi nous responsabiliser de répondre à nos besoins affectifs et relationnels. Une fois entendues, nous devons remplacer ces pensées, ou ces croyances, par des perceptions constructives. Ainsi, nous pourrons enfin construire notre bonheur au lieu de continuer à se faire souffrir, inconsciemment ou consciemment, et à saboter le moment présent.

Donc, la prochaine fois que vous serez tentés de vous comparer lorsque vous vous sentez mal, dites-vous plutôt : « Wow, j’ai une opportunité de changer ce que je me dis qui me rend mal face à cette situation ».

Ginette Carrier

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