« Pas coupable, mais responsable »

Le sentiment de culpabilité, causé par notre manque de compréhension et nos jugements destructeurs envers nous-mêmes, est très souffrant. Dans notre grande ignorance, nous nourrissons la volonté d’être parfait, illimité, irréprochable, super-femme ou super-homme ayant toujours raison, toujours l’idée géniale ; la volonté de tout savoir, de tout comprendre, et ce, avant même d’avoir appris.

D’ailleurs, le confinement imposé par la COVID-19 a offert un beau cadeau pour les parents : celui de les confronter à leurs limites. En effet, les parents ont été appelés à jouer plusieurs rôles auprès de leurs enfants : parent, enseignant, gardien, grand-parent, voisin qui dépanne, professionnel pourvoyeur, tout en continuant d’assumer toutes les autres responsabilités qui ne disparaissent pas juste parce qu’il y a pandémie (travail, ménage, préparation des repas, vie de couple, etc.).

Par conséquent, la fatigue et l’émotivité de ces parents montent en flèche. Et, étant donné que les émotions ne se contrôlent pas, leur émotivité réagit, bien malgré eux, avec les comportements destructeurs qui s’ensuivent (impatience, irritabilité, rancune, violence psychologique, châtiments corporels, etc.). Bref, les parents à bout se défoulent (inconsciemment, bien sûr) sur leurs enfants. Par la suite, devant le constat de ce qui s’est passé, ils vivent de la culpabilité. Quel sentiment empoisonnant, que celui de la culpabilité ! Je le sais pour l’avoir moi-même si souvent ressenti avant mon beau cheminement en autonomie affective…

À la blague, j’aime bien dire aux gens qui se sentent souvent coupables : « Si ce pattern avait le pouvoir de guérir nos comportements nuisibles, ça ferait longtemps que tu serais parfait ! »

Maintenant, la question qui se pose est la suivante : « Comment fait-on pour apprendre à arrêter de souffrir de cette maudite culpabilité ? »

1) En comprenant que nous ne pouvons pas donner aux autres ce que nous n’avons pas déjà nous-mêmes. Nous n’avons jamais appris à être de bons parents parce que nous avons appris à projeter nos émotions sur les autres et sur les évènements. Nous ignorons que nos émotions nous parlent de nos programmations nuisibles, nous ne savons pas contenir, nous cherchons à contrôler les évènements et les autres pour nous sentir bien, nous nourrissons des jugements nuisibles à notre égard et des attentes irréalistes. À titre d’exemple, c’est comme si je ne savais pas parler mandarin et que je me sentais coupable chaque fois que je suis incapable de participer à la conversation. C’est absurde ! C’est pourtant ce que nous nous demandons, dans notre grande ignorance : de faire preuve de maturité affective alors que nous ne savons même pas ce que c’est.

2) En réalisant que ce n’est pas en nous tapant dessus, en nous en voulant, que nous allons pouvoir modifier la réalité, ce qui s’est passé. Continuer de nourrir notre culpabilité de ne pas pouvoir montrer et enseigner à nos enfants des comportements toujours appropriés qui les rendront heureux, c’est absolument absurde. En effet, nos défauts (que je désigne comme nos patterns irrationnels) ne peuvent pas se guérir ainsi…

3) En apprenant à nous responsabiliser d’apprendre afin à changer le cours des choses. Effectivement, à partir du moment que nous constatons qu’il nous manque une aptitude, une connaissance, nécessaire pour notre bien-être et celui des autres, nous avons la responsabilité de trouver un moyen de l’acquérir. Si nous voulons devenir des parents matures, nous devons nous responsabiliser à retourner sur les bancs d’école pour comprendre comment maturer et pour cesser de garrocher nos troubles de comportement sur nous-mêmes, nos enfants, nos proches et les autres.

Je vais faire un parallèle pour bien vous illustrer ce que j’avance.

Partons de la prémisse que je ne sais pas lire et que j’ignore qu’il y a des écoles pour apprendre à lire à nos enfants. J’ai beau me sentir coupable que mes enfants ne sachent pas lire, alors que les autres le peuvent, ça ne leur donnera pas cette aptitude, et ça ne changera rien à la réalité. Je souffre donc inutilement. Cependant, si, un jour, quelqu’un m’apprend que je peux envoyer mes enfants à l’école et que je refuse de le faire (parce que je juge que je n’ai pas le temps de m’occuper de ça, que j’ai d’autres chats à fouetter), je deviens alors responsable du fait que mes enfants n’apprendront pas à lire.

Autrement dit, nous ne sommes pas coupables du manque de maturité de nos enfants, mais nous sommes responsables de travailler notre maturité afin d’élever la leur. Puisque nous sommes les modèles de nos enfants, qui nous imitent, nous ne pouvons pas faire l’inverse. C’est pour cette raison que je considère complètement aberrant d’envoyer les enfants en thérapie au lieu des parents. J’aime bien dire aux parents que je ne prends pas les enfants en consultation, mais que j’adore travailler avec les parents, puisque ce sont eux qui sont les enseignants des réalités émotive, cognitive et affective de leurs enfants. Si je prends l’enfant, à raison d’une heure par semaine, cela ne fera pas le poids contre les 167 heures par semaine dans son milieu, où les parents eux-mêmes ne maîtrisent pas ces réalités.

Les parents sont responsables des choix qu’ils prennent pour leurs enfants. Au même titre que nous choisissons de les envoyer apprendre à lire, à écrire, que nous leur offrons des loisirs, que nous leur transmettons nos traditions ou notre religion, et tout ça pour leur bien, nous avons aussi la responsabilité de leur montrer comment apprendre à ne pas se détruire affectivement, émotivement et cognitivement (soit d’arrêter de nourrir des pensées qui nous pourrissent la vie). Étant donné que nous sommes leurs professeurs à ce chapitre, nous devons impérativement l’apprendre nous-mêmes en premier avant de leur transmettre.

Devant notre impatience (par exemple, cette croyance nuisible : « C’est pas de ma faute si j’ai perdu patience : c’est mon enfant qui devrait savoir obéir »), il est urgent que nous comprenions plutôt : « Il finira par savoir obéir à force de lui montrer avec patience et persévérance l’importance de savoir obéir aux règles, par amour pour soi, pour se rendre heureux lorsque, par exemple, nous devons obéir à des règles de sécurité et rester confinés le temps de trouver des solutions à un danger qui, jusqu’à preuve du contraire, est bien réel. »

Enfin, je vous souhaite une belle responsabilisation de vos réalités affective, émotive et cognitive pour devenir des modèles de sérénité pour vous-mêmes et pour vos enfants.

Avec mon désir affectueux de voir l’humanité comprendre l’importance de notre santé cognitivo-affective !

Ginette Carrier

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