J’ai trop souvent entendu l’idée voulant que « faire du travail sur soi » signifie « prendre du temps pour se découvrir ». Quelle perception erronée !
En vérité, le travail sur soi est la connaissance de nos différentes réalités plus abstraites, puisque jamais fréquentées. En fait, il s’agit, dans un premier temps, de récupérer notre corps émotionnel pour découvrir les patterns inconscients que nous projetions sur la réalité extérieure. Il est essentiel de découvrir les différentes habitudes de penser négatives (patterns) que nous trainons, inconsciemment ou pas, depuis l’enfance.
Le travail intérieur suggère plutôt de prendre le temps de guérir les patterns négatifs auxquels nous avons appris à nous identifier et que nous répétons parce que nous ignorons comment nous en libérer.
Par exemple, prenons une personne qui se considère comme impulsive : « Je suis un impulsif ! Que veux-tu, je suis fait comme ça, j’ai toujours été impatient ! » À cette personne, je répondrais que nous ne sommes pas nos patterns. Le travail intérieur permet à l’être humain d’émerger du connu afin de développer son potentiel extraordinaire et devenir cette belle personne qui se cachait derrière ses habitudes de penser destructrices.
Ci-dessus, lorsque je mentionne la « réalité extérieure » qui contrôle nos réactions émotives, je fais référence au « paraître », au « faire » et à l’« avoir ». Dans son immaturité affective, l’être humain croit que son déséquilibre émotionnel et sa souffrance ne viennent pas de lui, mais des autres, des situations, des épreuves, de ce qu’il a ou n’a pas, de ce qu’il fait ou ne fait pas, de ce que les autres pensent de lui, etc. Les exemples de gens qui accusent la réalité extérieure de leur état émotionnel ne sont pas difficiles à trouver.
Prenons les sujets de l’heure, soit la COVID-19 et la température.
- « Maudite COVID-19, qui nous garde enfermés dans nos maisons ! »
- (La personne qui pense ainsi est convaincue que ce virus est responsable de sa colère. Plus déconcertant encore, elle arrive à se convaincre que tout le monde pense comme elle.)
- « Les enfants me fatiguent, je perds patience, j’ai tellement hâte qu’ils retournent à l’école, je pourrai enfin récupérer un peu de paix ! »
- (Cette personne est convaincue, à tort, que son impatience et son émotivité sont sous le joug de la situation. Or, je peux affirmer, sans risque de me tromper, que cette personne souffrait déjà de cette impatience bien avant la COVID-19 et ses multiples conséquences dans nos vies.)
- On a hâte que l’hiver finisse et on est sans cesse insatisfaits : « On n’aura pas d’été si ça continue comme ça ! » Et puis, après : « Ç’a-tu de l’allure, des températures à faire suer les cochons ! On respire plus, tellement il fait chaud ! J’ai-tu hâte que ça arrête, et de tomber à des températures normales ! »
Il est extrêmement dommageable que nous continuions, en général, de nous croire positifs, alors que nous nous déresponsabilisons de notre impatience, de notre intolérance, de notre chialage, de notre violence, de notre envie, de notre jalousie, et ce, en achetant la paix sur les comportements inacceptables de nos proches, en accusant la réalité extérieure d’en être la cause et en tentant de changer les autres par nos réactions plus ou moins excessives.
Il est urgent de comprendre que nos moindres réactions sont un appel de notre merveilleux corps émotionnel pour nous signifier que nous avons un devoir envers nous-mêmes et nos proches : il faut arrêter de nous rendre plus ou moins malheureux lorsque les évènements et les autres ne s’adaptent pas à nos attentes.
De tout cœur, je vous souhaite de comprendre que le travail sur soi est tout sauf facultatif !
Avec toute mon affection pour l’humanité!
Ginette Carrier