« Je sais ce que tu ressens : je suis déjà passé par là »

Cette terrible croyance, à laquelle malheureusement trop de gens adhèrent, a de fâcheuses conséquences dans nos vies.

Premièrement, s’il me fallait être passée par les mêmes expériences qu’une autre personne pour être en mesure de la comprendre, je serais très limitée comme thérapeute dans ma capacité de l’aider… Fort heureusement, je n’ai pas vécu toutes les expériences pour lesquelles les gens me consultent.

D’ailleurs, les réactions de certaines jeunes mères illustrent l’illogisme de cette croyance. Par exemple, une mère venant d’accoucher dit à une amie qui lui prodigue des conseils de se taire puisqu’elle n’a pas d’enfant et, donc, qu’elle ne sait pas de quoi elle parle. Pourtant, la maternité n’accorde en rien les connaissances du fonctionnement humain et, plus précisément, celles de la petite enfance. En effet, pour les acquérir, il faut aller chercher un certain savoir ; savoir qui n’apparaît pas comme par magie avec le fait de donner naissance à un enfant. Par conséquent, cette amie pourrait très bien avoir énormément d’expérience dans le domaine, plus de connaissances que nous et, donc, pouvoir prodiguer d’excellents conseils.

Deuxièmement, l’expérience ne permet aucunement la compréhension de ce que les autres ressentent. En général, les gens s’imaginent comprendre ce que l’autre ressent sans même prendre le temps de l’écouter. En fait, ce qu’ils font s’appelle de la « sympathie » : au lieu de partir des souliers de l’autre, ils se mettent carrément « dedans » (les souliers de l’autre). Ce faisant, ils interprètent l’événement avec leurs propres perceptions et concluent que ce qu’ils ressentent correspond automatiquement à ce que l’autre doit ressentir.

En fait, on constate parfois ce phénomène (sympathie) dans les salons funéraires : une personne, qui connaissait à peine votre proche parent, verse plus de larmes que vous, qui pourtant êtes résigné au départ de votre proche.

En tant qu’en enseignante d’autonomie affective (un savoir que j’ai peaufiné grâce à 30 ans d’expérience), j’ai la chance de permettre aux étudiants de bien conscientiser qu’une même expérience est toujours vécue, donc ressentie, différemment d’une personne à l’autre. Cela s’explique par le fait que toute expérience, même celle de moins de 10 minutes, n’échappe pas au phénomène de l’interprétation subjective. Considérant cela, il est évident que ce n’est pas le vécu qui garantit la compréhension de l’autre, mais bien l’écoute sans interprétation.

Quant à l’empathie, elle apprend à écouter l’autre pour identifier ses pensées, et pour ainsi savoir comment cette personne interprète ce qu’elle a vécu afin de se sentir si malheureuse dans sa situation.

Si nous voulons connaître le bonheur et grandir des expériences éprouvantes que nous traversons tous au cours de notre vie, notre devoir à tout un chacun est de responsabiliser l’être humain à choisir les croyances qu’il alimente. À ce titre, apprendre à nous connaître et à comprendre comment nous fonctionnons émotivement, cognitivement et affectivement, c’est savoir comprendre autrui et pouvoir l’aider.

Autrement dit, l’objectif de l’aide est d’enseigner aux gens que leurs pensées ont le pouvoir de créer des sentiments nuisibles (donc de la souffrance) ou des sentiments créant leur bonheur, et ce, indépendamment de la nature de ce qui est vécu.

De plus, pour les gens qui refoulent leur mal-être sous prétexte qu’il y en a d’autres qui vivent des événements beaucoup plus dramatiques qu’eux (avec les fameuses expressions du type : « De quoi je me plains, il y en a qui… »), comprendre cela permet notamment de se libérer de leur culpabilité ou de leur incompréhension. Quand on se compare de la sorte, c’est qu’on n’a pas encore compris que ce n’est pas l’événement, ou l’expérience, qui crée la souffrance, mais bien le discours mental qui en découle.

Malheureusement, l’ignorance de ce fait amène des personnes (dont l’histoire est insuffisamment dramatique) à ne pas comprendre pourquoi elles souffrent tant et à endurer leur souffrance trop longtemps. Je souhaite ardemment que cette connaissance touche les cœurs des plus désemparés pour qu’ils ne restent pas isolés dans leur souffrance, ou pour qu’on en apprenne la cause dans une lettre d’adieu : « Je ne t’en ai pas parlé, car tu n’aurais pas compris ».

Enfin, libérez-vous de l’illusion voulant que comprendre autrui, ce soit avoir vécu des expériences identiques à celui-ci ! Ça n’a rien à voir !

Aider l’autre ou s’aider soi-même exige deux conditions indispensables :

  1. Apprendre à écouter (sans interprétation), donc à écouter les pensées négatives créant la souffrance affective.
  2. Une fois ces croyances (pensées) amenées à la conscience, apprendre à connaître, à savoir, à réfléchir avec l’intelligence pour remplacer toutes croyances négatives par des croyances logiques, qui, elles, créeront le bien-être affectif.

J’espère que ce texte vous guidera vers une véritable compréhension les uns des autres, celle réellement en mesure d’enrayer la souffrance humaine !

Affectueusement,

Ginette Carrier

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