En début de thérapie, s’il est une question à laquelle je réponds inlassablement, c’est bien la suivante : « Quelle est la différence entre une émotion et un sentiment ? »
À première vue, cette question peut sembler banale… Pourtant, notre ignorance à ce sujet a été à la source de beaucoup de souffrance dans l’humanité, et elle l’est encore aujourd’hui.
Penchons-nous sur les conséquences de cette ignorance.
Dès leur plus tendre enfance, les enfants vivent des émotions. Les parents, croyant que l’émotion est négative, leur répètent des croyances, selon les émotions que les enfants expérimentent :
- « Va te calmer dans ta chambre ! Tu reviendras quand t’auras décidé de te comporter comme du monde… » (Colère)
- « Arrête de pleurer pour rien… Tu ne vois pas tout ce que tu as ? » (Tristesse)
- « Ben voyons ! T’es un homme, pis un homme, ça ne pleure pas ! » (Tristesse)
- « Non, les jaloux dans ma famille ? Pas question ! » (La jalousie est mal jugée comme émotion)
- « T’es ben peureux, soit donc courageux, la peur va te nuire inutilement dans ta vie… » (Peur)
Ici, je ne cite que quelques croyances pour votre compréhension, mais vous pourriez vous amuser à entendre vos propres croyances néfastes pour chacune de ces émotions (colère, tristesse, peur, jalousie).
À l’opposé, l’ignorance peut aussi entraîner un problème de « surprotection ». En effet, lorsque leur enfant est émotif, les parents surprotecteurs croient — à tort — que celui-ci souffre, et ils se dépêchent à trouver des arguments pour le sortir le plus tôt possible de son émotivité.
Ainsi, comme nos parents et leurs parents l’ont appris avant nous, ils enseignent à l’enfant à nier l’émotion ou à se divertir pour ne pas la ressentir. C’est terrible !
En fait, l’émotion est innée. Elle joue donc un rôle très important dans notre vie : celui de nous indiquer nos besoins affectifs.
Par exemple, prenons un nourrisson qui pleure parce qu’il a besoin du sein maternel. Nous viendrait-il à l’esprit de lui dire d’arrêter de pleurer pour rien ? Pourtant, lorsque nous nions ou divertissons nos émotions, nous nous déresponsabilisons de répondre à nos besoins affectifs.
Quant au sentiment, il est loin d’être inné, mais plutôt acquis. Et c’est le sentiment qui est le véritable responsable de la souffrance ou du bonheur de l’être humain.
En général, cela implique que les jeunes enfants ne souffrent pas affectivement, puisqu’ils n’ont pas encore appris à se détruire mentalement. Autrement dit, le sentiment est le résultat de notre « nourriture mentale ».
Par exemple, si nous avons appris à nous sous-estimer, à nous dénigrer, etc., nous souffrirons de sentiments d’infériorité, de rejet, voire de mépris de nous-mêmes. Au contraire, si nos parents nous apprenaient par l’exemple et la communication à bâtir notre estime, notre valorisation, etc., nous aurions des sentiments qui nous conduiraient vers notre bonheur. (N’oublions pas ici que pour bâtir l’estime de l’autre, nous devons au préalable avoir travaillé notre estime de soi.)
En conclusion, la carence affective ne vient pas de ce que les autres pensent de nous ni des évènements extérieurs, mais bel et bien des habitudes de penser acquises dans notre enfance et entretenues très souvent inconsciemment.
D’ailleurs, à ce jour, j’ai recueilli une quarantaine d’habitudes qui nourrissent des sentiments négatifs (Tableau des habitudes mentales) et les habitudes à travailler pour enfin prendre le chemin de notre bonheur. Si vous êtes curieux de consulter le tableau, vous pouvez en faire la demande à notre équipe.
À mon avis, il est grand temps de savoir utiliser adéquatement émotion, pensée et sentiment (des outils qui nous conduiront à notre bonheur) plutôt que de continuer, à notre insu, à nous transmettre la souffrance affective d’une génération à l’autre.
Avec toute la tendresse de mon cœur,
Ginette Carrier
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