Les gens qui ne veulent pas entendre parler du travail sur soi avancent souvent cet argument, qui relève du pattern du scepticisme : « Oui, mais l’autonomie affective, ce n’est pas prouvé scientifiquement ». Cette croyance est terrible parce qu’elle garde certaines personnes passives face à leur autonomie affective.
Or, avant d’aller plus loin, il est important de préciser que prendre le temps de vérifier l’information et les sources de celle-ci est une habitude très mature : on parle alors de discernement. Le scepticisme, quant à lui, est immature dans la mesure où la personne se contente de détruire le savoir des autres sans trop se poser de questions ou parce que la science ne l’a pas prouvé (j’ajoute : encore).
Il est vrai que la science nous permet de comprendre et d’expliquer des phénomènes, mais ce n’est pas la seule façon d’apprendre. En effet, l’expérience nous permet de faire la même chose. Prenons un exemple trivial : si je mets ma main sur un rond de poêle allumé, je vais vite comprendre qu’il est chaud, et ce, sans avoir besoin que la science m’explique le principe d’enthalpie1.
Qui plus est, si nous attendons après la science, nous pouvons attendre longtemps, puisque cette dernière peut mettre beaucoup de temps avant de s’intéresser à des sujets tels que les dimensions émotives, affectives et cognitives de l’être humain.
Personnellement, il est vrai que je n’ai pas fondé mon apprentissage sur les enseignements de la science. À vrai dire, je fonctionne selon l’approche kinesthésique : j’apprends grâce à l’expérience. C’est donc à partir du travail sur moi, de mes nombreuses recherches personnelles et des multiples formations auxquelles j’ai participé que j’ai pu découvrir les rouages de l’autonomie affective. Cela m’a demandé beaucoup d’expérimentations, de réflexions et de déductions que j’ai consolidées en travaillant avec les nombreuses personnes qui ont demandé mon aide comme thérapeute (depuis déjà plus de 30 ans).
Par ailleurs, le mode d’apprentissage qui nous convient n’empêche pas de rester ouvert aux autres méthodes ou formes d’enseignement. Même si je ne me suis pas servie de la science pour fonder mon apprentissage, je remarque que cette dernière, des années plus tard, vient corroborer quelques-unes de mes conclusions. À ce titre, mon apprentissage s’apparente à la méthode empirique, fondée sur l’expérience et sur l’observation.
Imaginez le temps que j’aurais gaspillé à cesser toutes mes démarches dans l’attente que la science me dise qu’elles étaient efficaces et justes… Tandis que mon expérience et ma logique me disaient déjà que l’autonomie affective était une solution à bien des problématiques.
Il y a une quinzaine d’années, l’Université Laval, à Sainte-Foy, avait procédé à une étude scientifique pour tenter de démontrer le pouvoir de la pensée sur l’esprit humain. Pour ce faire, des chercheurs avaient étudié deux catégories de personnes placées sous électrodes. D’un côté, il y avait des personnes souffrantes de dépression chronique (sans doute des gens qui avaient traversé plus de trois dépressions majeures) puis, de l’autre, des religieuses contemplatives.
Pour faciliter la comparaison des résultats obtenus, les chercheurs ont illustré ce qui se passait dans le cerveau des cobayes par des sons. Eh bien, les résultats des religieuses s’apparentaient à une musique angélique tandis que ceux de l’autre groupe ressemblaient plutôt à une cacophonie insupportable. Ils ont poursuivi l’expérience en suggérant aux personnes dépressives (toujours sous électrode) une pensée d’espoir. Dans 100 % des cas, les chercheurs pouvaient noter une amélioration. Évidemment, l’amélioration était instantanée et passagère puisqu’elle ne relevait pas d’une prise en charge personnelle et d’un travail d’autonomie affective assidu de la part de la personne.
Dans ce sens, le système scolaire s’ajuste mieux aux différents modes d’apprentissage en proposant aux enfants des approches adaptées à leurs besoins. Il est fort probable que si j’avais eu ce genre d’école dans ma jeunesse, je n’aurais pas fait partie, à 16 ans, des nombreuses personnes décrocheuses scolaires qui en concluent que c’est par manque d’intelligence.
Pourtant, grâce à un retour tardif à l’université, avec un programme adapté à ma forme d’apprentissage, j’ai pu compléter ce que j’avais abandonné auparavant et ainsi découvrir mes aptitudes en relation d’aide. Confiante de mes forces, j’ai pu aider toutes ces personnes qui se sont engagées avec persévérance à travailler leur autonomie affective pour en récolter les fruits.
Voici un petit conseil en terminant : assurons-nous d’alimenter notre discernement et non un scepticisme qui nous rend passifs et nous empêche de recevoir les connaissances d’autrui ! Qui sait, cette ouverture pourrait changer notre vie.
Affectueusement,
Ginette Carrier
Formation continue et développement personnel. Découvrez l’offre de cours de l’Ecole d’autonomie affective située à Montréal. Cours en ligne et en présentiel. NOS FORMATIONS.