Qu’en est-il de nos résolutions du jour de l’An ou « promesses du jour de l’An » (dit avec une pointe d’ironie, puisque nos expériences passées nous ont amenés à nous méfier de nous-mêmes) ?
Lorsque nous réussissons à les tenir, nous sommes enfin « fiers » de nous. Or, nous ne réalisons pas que, trop souvent, nous avons simplement remplacé un mécanisme de compensation par une autre dépendance que nous jugeons de meilleur goût ou meilleure pour la santé. Finalement, ce n’est pas mieux. Et en regardant autour de nous, nous constatons que nous ne sommes pas les seuls à tomber dans le panneau.
À vrai dire, une raison pour ne rien envier aux personnes qui tiennent toujours les promesses qu’elles se font à elles-mêmes, c’est que, généralement, si elles réussissent, c’est parce que le « faire à tout prix » est devenu d’une grande importance dans leur vie. Les trois quarts du temps, si nous leur proposons d’aller à l’essentiel, soit de se construire en maturité affective (de prioriser « l’être » sur le « faire »), leur volonté n’est pas disponible. En effet, les 24 heures de leurs journées sont utilisées par des projets que leur milieu a programmés comme essentiels.
Des exemples ? Sport, travail, rénovations de cuisine ou de salle de bain, sorties et divertissement. Chacun de vous peut prendre le temps de se questionner sur le mode de vie qu’il a hérité de son milieu (en soumission ou en réaction à celui-ci).
Pourquoi héritons-nous donc d’un mode de vie axé sur le « faire » au lieu de « l’être » ? Parce que l’humanité, étant programmée dans l’enfance, reçoit un lavage de cerveau qui priorise le « faire », « l’avoir » et « le paraître ». Encore aujourd’hui, nous entendons malheureusement des discours de parents allant dans ce sens : « Mon enfant, que vas-tu faire lorsque tu seras grand ? Que vas-tu avoir ? Fais attention à ce que les autres pensent de toi ! »
Tristement, nous entendons trop peu de parents tenir un discours comme celui-ci à leurs enfants : « Tu as fait une erreur, mais ça ne te donne pas le droit de te mettre en échec ou de te dénigrer. Tu sais, tu vas passer toute ta vie à tes côtés, tu dois donc être ton meilleur ami quoi que tu dises, quoi que tu fasses et peu importe ce que les autres penseront de toi. Tu ne seras jamais parfait. Oui, tu feras des erreurs, mais l’essentiel est de persévérer, de te corriger et de croître dans ta capacité de t’aimer et d’aimer les autres de façon inconditionnelle. »
Je ne sais pas pour vous, mais moi, ce n’est pas le discours familial que j’ai reçu quand j’étais petite ni même celui que j’ai tenu en tant que mère à l’époque où j’élevais mes enfants.
Alors pourquoi ne réussissons-nous pas à tenir nos promesses du Nouvel An ou à prioriser « l’être » ? Puisque nous sommes le résultat de nos apprentissages, et parce qu’apprendre à « penser à soi » n’est pas facile considérant le lavage de cerveau reçu dans notre enfance. Mais attention, par « penser à soi », je ne fais nullement allusion à l’égocentrisme et au narcissisme qui sont les fruits de cette éducation infantile. En réalité, plus nous tenterons de décentrer nos enfants d’eux-mêmes par la force verbale, psychologique et physique, plus ces problématiques s’accroîtront dans notre monde.
En général, nos promesses du jour de l’An ont pour but de changer de mauvaises habitudes pour des bonnes, de nous engager à répondre à des besoins importants. Malheureusement, nous n’avons pas appris à faire partie de nos priorités. La bonne nouvelle, c’est que toute notre vie, nous resterons des êtres d’apprentissage, donc des êtres capables de changement. Mais pas sans condition.
Pour apprendre à respecter nos engagements du jour de l’An, ou de tout autre jour de l’année, il nous faut comprendre notre nature et prendre le temps de changer nos habitudes en :
- accueillant le fait que notre monde est encore programmé pour bien « paraître », pour « faire à tout prix » (dans l’excellence, sinon nous ne sommes rien du tout) et pour « avoir » ce qu’on juge qu’il est bon d’avoir, quitte à remplir nos greniers avant notre mort ; en
- comprenant que reprogrammer une nouvelle habitude n’est pas facile. Il faut donc devenir réaliste et accepter qu’avant de réussir, il faille expérimenter de nombreuses séquences d’essais et d’erreurs ; et en
- se relevant inlassablement jusqu’à ce que nos mauvaises habitudes soient délogées et que nos nouvelles soient devenues automatiques.
Humainement parlant, c’est ainsi que notre cerveau se programme : toute habitude, bonne ou mauvaise, est obligatoirement passée par le même processus d’apprentissage. Voilà pourquoi un enfant doit être corrigé, c’est-à-dire guidé vers des acquis qui le rendront heureux.
En terminant, voici un petit conseil très important : lorsque nous voulons installer une nouvelle habitude dans notre vie et la rendre atteignable, il faut commencer par des séances de 15 à 30 minutes maximum. Lorsque l’habitude devient plus facile, nous pourrons graduellement augmenter le temps qui lui est alloué.
Une super bonne année à toutes et à tous !
Ginette Carrier
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