« Moi, j’ai eu de bons parents »

Lorsque les gens arrivent en thérapie, voici l’une des croyances redoutables qui me déplait le plus d’entendre : « Moi, j’ai eu de bons parents ». À ce moment, je sais que l’éveil de ces personnes sera plus ou moins brutal.

Malheureusement, les parents se réjouissent de se faire dire : « Moi, en tout cas — maman et papa —, je trouve que vous avez été de bons parents et j’éduque mes enfants de la même façon ».

Pour démontrer que cette croyance ne tient pas la route, voici une analogie : accepteriez-vous de retourner en arrière sur les plans technologique et scientifique ? Non ? Eh bien, pourtant, en véhiculant ce genre de croyances, c’est exactement ce que l’on fait en matière de psychologie et d’affectivité.

En vérité, le bonheur, qui provient de nos dimensions cognitive (pensée) et émotive, requiert tout autant, sinon plus, notre évolution.

Nos parents en savaient moins que nous et ils n’étaient pas vraiment équipés pour la remise en question. À l’époque, il y avait certes la religion qui transmettait l’obligation d’ouvrir nos cœurs et l’importance d’apprendre l’amour, mais elle était trop souvent inculquée par des gens qui, loin d’incarner la philosophie de la Bible, prenaient l’habit davantage par fuite que par conviction religieuse. Qu’avaient donc nos parents, me direz-vous, pour assurer une saine et bonne remise en question des souffrances de leur enfance ?

Ainsi, il est essentiel de réaliser que nos parents — pour la plupart — nous ont légué ce qu’ils avaient appris de leur propre famille sur le plan affectif. D’ailleurs, plus nous remontons l’histoire de nos ancêtres, plus nous constatons souvent que nos parents ont fait un peu mieux que leurs prédécesseurs.

Ici, j’espère être claire : l’objectif n’est pas de condamner nos parents, comme c’est souvent le cas socialement. Non, il s’agit plutôt de parfaire notre discernement, de nous questionner : « Qu’est-ce que mes parents m’ont transmis qui m’aide à m’aimer et à aimer les autres ? De quoi dois-je absolument guérir pour ne plus me sentir colérique, déprimé, jaloux ou encore anxieux ? »

Autrement dit, il nous faut guérir pour cesser de transmettre nos lacunes affectives de génération en génération et d’être convaincus que ces lacunes sont normales parce que tout le monde est ainsi.

Mais pourquoi donc nos parents semblent-ils trop souvent croire que, dans leur temps, « en tout cas » (ce qui sous-entend que c’était mieux dans leur temps, que, eux, « ils l’avaient donc l’affaire ! ») ?

C’est simple. Les méthodes éducatives de l’époque relevaient de l’ordre de l’autoritarisme : « Toi, tu n’es qu’un enfant, tais-toi et écoute les adultes ! » Il s’agissait d’une violence qui écrasait la personnalité de l’enfant, ce qui produisait, à long terme, des adultes dociles, paralysés par la peur de toute autorité, tant saine que malsaine. Et cette peur au ventre, elle était confondue avec la politesse, l’obéissance, le respect, etc.

Attention : l’éducation de l’enfant ne devrait pas être son contraire, soit : « Toi, tu n’es qu’un parent, tais-toi et écoute l’enfant qui décide ! » Plus précisément, éduquer nos enfants passe par nous guérir nous-mêmes de notre enfance pour travailler les patterns qui leur nuisent, comme l’impatience, la culpabilité, l’impulsivité, l’autoritarisme, le laxisme, la surprotection, etc. Il faut leur enseigner des valeurs morales, qui induiront des comportements constructifs et qui construiront leurs relations humaines, tant avec eux-mêmes qu’avec les autres.

Somme toute, éduquer des enfants affectivement, c’est apprendre à respecter le rythme et les besoins du cheminement psychologique d’un être humain, au même titre que nous avons appris à nous responsabiliser de leurs besoins corporels et intellectuels.

D’ailleurs, moi aussi, comme tous les parents, j’aurais aimé me faire dire : « Maman, quelle bonne mère tu as été ! » Mais cela aurait été un signe du manque de discernement de mes enfants. À la place, j’ai préféré entendre mes lacunes et ma violence pour leur répéter, encore et toujours, que le drame, ce n’est pas d’être imparfait — ce qui est notre lot à tous —, mais plutôt de ne pas nous remettre en question et de répéter, telles quelles, les erreurs de nos parents, car nous n’avons pas pris le temps de regarder la vérité en face.

La vérité, c’est que nos parents, bien qu’ayant fait ce qu’ils pouvaient avec les moyens de l’époque, nous ont transmis leurs manquements à l’amour véritable, et ce, par ignorance. Pour ne pas répéter cette erreur sur nos enfants, nous devons prendre le temps de faire cette introspection.

En conclusion, j’ai une excellente nouvelle : tous les gens qui sont entrés dans mon bureau avec l’illusion que leurs parents étaient parfaits ont enfin pu voir la vérité en face et, après un certain temps de travail de conscience, entamer un véritable travail de maturité affective.

De tout cœur, je vous souhaite d’aller de l’avant et de laisser le passé derrière, là où il doit être !

Avec amour,

Ginette Carrier

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