En 1985, lorsque j’ai fait ma demande d’admission à l’UQAM, je nourrissais cette croyance erronée : « Quand on veut, on peut. » Or, j’ai expérimenté les conséquences de la croyance qui s’oppose radicalement à celle-ci, soit : « Les personnes démunies, quelles qu’elles soient, ne pourront jamais s’en sortir. Les pauvres, il faut les prendre en charge. » Ce qui m’a valu un échec à cette première demande d’admission.
D’emblée, voici comment la logique de l’autonomie affective se définirait ici :
« Oui, l’être humain, qu’il soit pauvre ou riche, n’a pas de contrôle sur les événements ni même sur les actions et les perceptions des autres. Il a un pouvoir limité sur les actions qu’il pose, mais un pouvoir absolu (exception faite de la folie) sur sa capacité d’apprendre à aimer si nous l’outillons, d’une part, et d’autre part, s’il s’engage à apprendre et à persévérer. »
Autrement dit, cette perception ne doit servir que d’agent motivateur. Elle ne doit pas nous faire tomber dans la pensée magique ni dans le dénigrement de soi (nous taper sur la tête si nous ne réussissons pas, en nous disant que c’est parce que nous ne le désirions pas assez). Bref, il y a des choses qui sont hors de notre contrôle, et notre bonheur dépend de la compréhension de ce fait.
En effet, même si mon compte en banque dépassait les 10 chiffres, il y a des choses que je ne pourrais jamais humainement contrôler (les autres, les événements, les enfants, le conjoint, les différentes épreuves de la vie, la mort, la maladie, les catastrophes, etc.), hormis mon pouvoir d’action, qui est somme toute limité.
Il y a ici deux extrêmes : d’une part, une volonté de contrôler la réalité objective (« pouvoir », « faire » et « avoir ») et, d’autre part, une démission face au travail essentiel de cheminement personnel. Aussi longtemps que notre monde passera philosophiquement d’un extrême à l’autre, nous continuerons de descendre dans les bas-fonds de la souffrance et de la détresse affective. D’ailleurs, les conséquences sur la société et sur notre planète en sont visibles.
Pour mieux comprendre les deux extrêmes de cette croyance (« Si tu veux, tu peux »), apportons-leur quelques précisions.
- Dans le coin du premier extrême, nous retrouvons les partisans de croyances qui s’apparentent à celle-ci : « Le jour où tu seras heureux, où tu iras bien, les personnes et les événements nuisibles vont disparaître de ta vie. »
C’est complètement irréaliste, comme croyance ! En effet, c’est comme garantir un changement de vie en 21 jours (sur Internet, j’ai même vu que certains promettaient des résultats en 7 jours). Pourquoi est-ce irréaliste ? Parce que c’est ignorer complètement le fonctionnement humain, le peu de contrôle que nous avons objectivement sur la réalité extérieure et, enfin, le temps de travail que nous exige le changement d’une habitude de penser.
Par exemple, oserions-nous dire à quelqu’un que nous allons lui apprendre le piano et qu’il pourra, dans 21 jours, jouer Mozart en concert ? Même si la personne le voulait vraiment, ce ne serait peut-être pas réalisable, étant donné que beaucoup d’autres facteurs non contrôlables contraindraient l’atteinte de son objectif de performance / réussite, soit de jouer comme Mozart (exemples : un accident, le temps disponible pour la pratique, le talent naturel, les aptitudes à apprendre pour y arriver, l’accessibilité financière à un piano, la qualité pédagogique de l’enseignant, etc.).
Dans la maturité affective, la croyance « Si tu veux, tu peux » serait plutôt : « Quand tu voudras et, donc, que tu décideras de cheminer vers ton bonheur, les personnes et les événements nuisibles ne vont peut-être pas disparaître de ta vie, mais tu n’en souffriras plus. Par conséquent, si tu veux arrêter de souffrir des personnes et des événements nuisibles, tu peux, à condition de t’outiller pour détruire tes croyances autodestructrices et, ensuite, pour persévérer dans ce travail sur toi… Mais pas à la vitesse ou à la manière que tu avais imaginée au départ. »
Ce qui nous cause tant de souffrance, ce n’est pas la réalité objective (les personnes, les choses, les événements, etc.), mais plutôt les habitudes de penser nuisibles / irrationnelles / immatures que nous nourrissons, plus ou moins inconsciemment, depuis notre enfance et qui sont inscrites en automatismes dans notre cerveau. Oui, si nous voulons enfin guérir de ces habitudes cognitivo-affectives et, donc, comportementales, nous devons irrémédiablement passer par la connaissance, la pratique et la persévérance.
- Dans le coin du deuxième extrême, tout aussi dommageable, nous retrouvons ceux qui affirment que les êtres humains qui ont souffert dans leur jeunesse resteront toute leur vie fatalement prisonniers de leur souffrance affective.
Ici, la croyance se traduirait par : « Même si tu voulais, tu ne pourrais pas. » Cela est totalement faux. Et mon expérience de travail le prouve. J’oserais même affirmer le contraire : ceux qui n’ont pas assez souffert dans leur enfance restent souvent tellement prisonniers de l’illusion qu’ils n’ont pas à faire de travail sur eux. Ceci s’explique par le fait que, puisqu’ils ne vont pas assez mal, ils peuvent encore, malheureusement pour eux, banaliser leur souffrance affective et continuer de la compenser dans le « paraître », l’excès du « faire » et « l’avoir ».
Il n’est jamais trop tard pour apprendre. Par notre nature, nous sommes capables de retourner sur les bancs d’école, et ce, jusqu’à notre mort. Par exemple, si une de vos amies de 50 ans faisait un retour aux études, lui diriez-vous qu’elle perd son temps, qu’il est trop tard pour apprendre une deuxième langue ou le piano ?
Enfin, oui, « si tu veux, tu peux » apprendre le bonheur, car celui-ci ne dépend pas des conditions extérieures.
Que nous soyons heureux ou malheureux, nous n’aurons jamais le pouvoir de contrôler l’ouragan qui jettera notre maison par terre. Par contre, nous contrôlerons comment se portera notre moral face à cet événement. Au lieu de rester en boule dans notre lit et y déprimer le restant de notre vie, nous nous relèverons encore et toujours pour résoudre notre problème.
Je l’ai dit et je le répèterai : le jour où les parents apprendront leur maturité affective pour l’enseigner à leurs enfants, nous goûterons enfin au bonheur collectif et à une planète en santé !
Avec toute l’affection de mon cœur,
Ginette Carrier
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Je confirme! Je suis retournée aux études à l’université à 50 ans et mon pire ennemi c’était la peur de me perdre dans les milles pavillons de l’université! J’ai bien vite réalisé que mes capacités d’apprentissage étaient toujours là et qu’en plus, je savais ce que je venais chercher cette fois! On est fait pour apprendre, on est des êtres avec un potentiel inoui, encore faut-il aller à l’école du bonheur pour se réaliser entre nos deux oreilles, devenir notre meilleure amie pour pouvoir se réaliser dans nos dons et talents uniques!
…et la grosse côte à monter c’est un pas à la fois!?